Polygraphie — L'utilisation d'un polygraphe (détecteur de mensonges) pour enregistrer plusieurs caractéristiques physiologiques simultanément; l'interprétation des données à partir d'un test polygraphique.
L’homme cherche depuis la nuit des temps un moyen efficace pour parvenir à débusquer le mensonge. Diverses techniques plus novatrices les unes que les autres furent essayées. Certaines étaient ridicules, d’autres cruelles, mais elles étaient toutes fondées sur l’hypothèse qu’une certaine réaction physiologique se produisait lorsqu’une personne était confrontée à un évènement spécifique sous enquête et que cette réaction aurait une manifestation externe détectable.
En 1730, le romancier britannique Daniel Defoe dans son essai intitulé «An Effectual Scheme to the Immediate Preventing of Street Robberies and Suppressing all Other Disorders of the Night» avance une théorie qui voulait que de prendre le pouls d'une personne louche puisse révéler le mensonge.
En 1878, le physiologiste italien Angelo Mosso a utilisé un instrument appelé un pléthysmographe afin de détecter le changement de pression sanguine, sous l'effet de certains stimuli.
Sir James Mackenzie, M.D., a construit le premier polygraphe clinique en 1892. Un instrument pouvant être utilisé lors des examens médicaux avec la capacité d'enregistrer simultanément des tracés ondulés des pouls vasculaires (radial, veineux et artériel), par voie d'un stylus sur un tambour rotatif de papier fumé.
La première utilisation d'un instrument scientifique visant à mesurer les réponses physiologiques était en 1895 lorsque le médecin, psychiatre et criminologue italien, Cesare Lombroso, a modifié un instrument existant appelé un hydrosphygmographe et l'a utilisé afin de mesurer les changements physiologiques dans la pression sanguine et le pouls chez un suspect interrogé par la police.
Le docteur William Moulton Marston, un avocat américain et psychologue, est crédité avec l'invention d'une forme primitive du détecteur du mensonge lorsqu'il a développé, en 1915, le test de la pression artérielle systolique discontinuée, qui deviendrait, par la suite, un composant du polygraphe moderne. Cette technique du docteur Marston utilisait un brassard de tensiomètre standard et un stéthoscope pour prendre les lectures intermittentes de la pression artérielle systolique d'un sujet lors d'un interrogatoire dans le but de détecter le mensonge.
En 1921, John A. Larson, un psychologue canadien à l'emploi du Service de police de Berkeley, en Californie, a construit ce que bon nombre considère à être l'appareil original du détecteur de mensonges lorsqu'il a ajouté l'item de la fréquence respiratoire à celle de la pression sanguine. Il a nommé son instrument le polygraphe, un mot provenant de la langue grecque et signifiant plusieurs écrits parce que l'instrument avait la capacité de lire plusieurs réponses psychologiques en même temps et de documenter ces réponses sur un tambour rotatif de papier fumé. Utilisant son polygraphe, John A. Larson était la première personne à mesurer et à enregistrer continuellement et simultanément le rythme cardiaque, la pression sanguine et les variantes respiratoires d'une personne lors d'un interrogatoire. Son polygraphe a été largement utilisé, et avec beaucoup de succès, dans les enquêtes criminelles.
En 1939, Leonarde Keeler a fait breveter ce qui est considéré comme le prototype du polygraphe moderne — le Keeler Polygraph. Aujourd'hui, Leonarde Keeler est connu comme étant le père du polygraphe.
Le polygraphe a fait son entrée officielle dans l'ère informatique vers 1993, lorsque des statisticiens de l'Université Johns Hopkins Applied Physics Laboratory au Maryland ont complété un logiciel appelé PolyScore, qui utilisait un algorithme mathématique sophistiqué pour analyser les données polygraphiques afin d'estimer une probabilité du niveau de mensonge ou de la sincérité d'un sujet.
En 2003, le Department of Energy des États-Unis a commandé une étude sur les preuves scientifiques du polygraphe auprès du National Academy of Sciences. Pour ce faire, un comité d'examen a passé au peigne fin les preuves existantes dans la littérature de la recherche polygraphique et n'a pas effectué de nouvelles recherches en laboratoire ni sur le terrain, car tel que rapporté par le comité, les conditions réelles sont difficiles — voire impossible — à répliquer dans une simulation des lieux du crime ou en laboratoire afin d'évaluer l'efficacité du polygraphe.
Le comité d'examen du National Academy of Sciences a conclu que, bien qu'il peut y avoir des techniques de remplacement à l'épreuve polygraphique, aucune ne peut surclasser le polygraphe et aucune ne semble prometteuse de supplanter le polygraphe dans un proche avenir.
L’examen polygraphique a résisté à plus d'un siècle de recherche, de développement et d'utilisation généralisée, l'examen polygraphique demeure le moyen le plus efficace pour vérifier la vérité et détecter le mensonge.